P.E.R.O.U. premiers pas dans la jungle
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Faut que ça sorte
Faut que ça sorte
Faut que ça sorte de moi en mots
Trois jours à marcher dans la boue
Trois jours à boire le thé
Trois jours à rencontrer ces gens
Mettre les idées en ordre
Ca n’est pas cohérent
De quel ordre est-ce que je pourrais parler ?
Les chaussures abandonnées
Avant d’être arrivée au bout du chemin qu’elles s’étaient promises
Elles jonchent le sol, s’incrustent dans la terre humide
Recouvertes de pas dont les traces marquent la boue
Quel est ce territoire dessiné par les pas des chaussures oubliées ?
Une terre qui ne veut pas s’offrir
Une terre en devenir
Les pieds portent le mouvement du désir
Aller vers
Les pas se dirigent là où la désillusion n’a pas encore frappé
Les chemins se creusent là où nous posons nos pieds
C’est la trace d’une direction qui fait le chemin
Que dire de ce lieu où les chemins sont piétinés par les CRS ?
Il y a cinq ans qu’a débuté la guerre en Syrie.
Je cumule les informations, je voudrais les transformer
Faut que ça sorte
Que ça fasse quelque chose
Un truc
Pas n’importe quoi
Quelque chose qui dise, qui raconte
Il y a cinq ans séisme, tsunami et catastrophe nucléaire Fukushima
Je sors d’une semaine de résidence
Les textes de Svetlana Alexievitch sur Tchernobyl en bouche
Je pleure sur la table du petit déjeuner en écoutant la radio
Cinq ans plus tard, je rentre de Calais, Dunkerque
J’ai vu les campements, les déménagements, les destructions, les constructions
J’ai vu la boue, j’ai vu les gens
J’ai souris beaucoup, faut le dire
Je rentre la boule au ventre à pas trouver la forme
Comment vont les gens là-bas ?
Comment je pourrais répondre ?
Ceux que j’ai rencontré sont forts et fiers
Prêt à marcher, à avancer
Prêt à travailler, rire, rêver, fonder une famille
Faut que ça sorte
Faut que ça me sorte les mots de la bouche
Les pieds de la boue
Celle où j’ai vu des hommes
Prêt à marcher, à avancer
Prêt à travailler, rire, rêver, fonder une famille
Moi rien de tout ça
Faut que ça sorte cette folie de ma tête
Faut qu’elle reste qu’elle me maintienne en colère
Faut faire quoi de la colère ?
Faut que ça sorte sous forme de pas, de rires, de rencontres
Ouais mais pas que
C’est bien beau tout ça mais quoi
Je les envie d’avoir cette force là
Tu crois qu’en fait c’est ça le problème ?
Te dire que là y a des gens qui fuient la guerre
Qui sont prêt à marcher sur toutes les terres que leur désillusion n’a pas encore foulé
Et moi je suis là à me demander la forme qui marche pour le dire
Je fume une clope en me regardant le nombril
Pas prête à enfanter
Pas prête à croire en demain
Pas prête à investir même aujourd’hui
Quel territoire écrire ?
Aucun intérêt à circonscrire le territoire des désillusions
Quel intérêt à définir celui des illusions ?