Ecriture #1
Je fais le miroir mais pas toujours
Du dehors au dehors
Du dehors au dedans,
De mon dehors au dedans du dehors
De cette ville que je parcours et dont je ne me souviens plus du nom
Il y avait cette route, cette cloison
Je voulais traverser la route, la cloison
Ca traverse pas pareil
Faut dire qu’on ne s’y pas prend pas toujours comme il faut
Marcher pour traverser la route ça marche
Marcher pour traverser la cloison ça marche moins, enfin autrement
La solution ça serait de marcher autour pour traverser la cloison
Je me demande si je traverse la route quand je marche autour, de la route
C’est peut-être juste un truc entre les deux
Ca serait ça aller chercher du pain, le matin
Traverser la route, passer la porte
Emmener son dehors à la boulangerie
Prendre le pain de la boulangerie et l’emmener dehors,
Dans le dehors du dehors de la boulangerie
Traverser la route avec son pain
Et là pof, la cloison
Avec ou sans pain pour traverser la cloison faut faire le tour
Sinon faut chercher la porte, trouver la porte, passer la porte
Avec son pain
Le pain je le tiens d’une main, enfin plutôt dans le bras ou sous le bras ça dépend
La route je la traverse avec les pieds, les genoux avec le nez aussi
La route je la traverse surtout avec le squelette
La cloison je la traverse plutôt avec les articulations
Puis la où mon regard se perd c’est la peau qui écoute
La peau c’est parler du dehors comme du dedans
La peau c’est un peu comme le miroir du dedans au dehors du corps
Y a la peau du dedans et la peau du dehors
Puis la peau du milieu
La peau du milieu c’est celle qu’on traverse pour passer du dehors au dedans et du dedans au dehors
Quand je marche avec mon pain dans cette ville dont je ne me souviens plus du nom, il y a l’odeur du pain qui traverse ma peau
Après y a l’odeur du pain du dedans qui dit le pain en passant la peau médiane une autre fois
Quand tu passes la peau du milieu du dedans au dehors ça dit
Quand ça passe du dehors au dedans ça écoute
Alors le pain ça va c’est facile
Traverser la route déjà c’est plus dur y’a du mouvement
Puis traverser la route en regardant au loin en écoutant le paysage avec la peau du dehors là ça dépend
Si tu regardes une vallée, une rivière, ça écoute facile
Si tu regardes un périphérique, c’est autre chose
La peau, ma peau elle pas tant envie d’écouter
Et mon squelette il a pas tant envie de traverser
Traverser un périphérique même juste rien qu’en écoutant avec la peau ça me fatigue, sans compter qu’t’a l’odeur du pain qui te remonte dans les narines et que t’a pas envie en écoutant là comme ça avec ta peau que l’odeur des gaz d’échappement elle vienne faire sandwich dans ton pain, non franchement moi j’ai pas envie.
Alors quitte à traverser la route, je la traverse dans l’autre sens, celui qui m’éloigne du périphérique.
Alors je longe la cloison pour la traverser, passer de l’autre côté, je cherche une porte, mais dans les palissades souvent y a des ptits passages mais pas de porte, alors je cherche le ptit passage avec ma peau du dehors encore, un morceau de grillage qui laisserait passer les odeurs de pain de l’autre côté et quand je trouve le passage, je traverse mais sans faire le tour, je prends mon squelette à pleine bouche et je passe de l’autre côté, loin du périphérique où il y a les gaz d’échappement qui veulent se faire la tartine de mon pain, je passe de l’autre côté et là je ronds le quignon, puis je le croque à pleine bouche avec mon squelette tout entier.
Derrière la palissade y a des vagues de terrains avec des objets un peu partout,
je m’aventure dans la ponctuation du derrière de la palissade,
la cannette de coca c’est une virgule parce qu’il y en a beaucoup
le paquet de clope c’est un point
le sac plastique c’est une majuscule
et tous les autres objets c’est des mots certains je les connaît d’autres pas
y a les mots abandonnés, les mots jetés, les mots échoués
la grande partition du paysage avec ses mots sur la portée et cette odeur de pain dans mon nez